Fourre-tout mon blog ?

Fourre-tout mon blog ?

Non ! Un lien : l’amour des mots ! Qu’ils soient lus, écrits, filmés… ils rythment mon quotidien et guident mes expériences professionnelles.

Vous trouverez ici mes impressions de lecture, mes chroniques littéraires en vidéo, mes démos de voix off... et au fil des pages quelques mots sur la montagne, parce qu'elle ne me quitte pas!

mardi 31 janvier 2012

"Kitchen" de Banana Yoshimoto...


Voyage Nippon
Se lancer pour la première fois dans un roman japonais fait effectivement l’effet d’un voyage ! Avec ce qu’il comporte de surprises, d’étonnements, de bonnes et de mauvaises surprises, d’interrogations et de questionnements. Voilà donc mon premier roman du genre. Best seller au Japon, « Kitchen » de Banana Yoshimoto s’est vendu au pays du soleil levant à plus de deux millions et demi d’exemplaires. Alors forcément, au-delà du récit en lui-même, il est intéressant de se demander pourquoi toute une génération de jeunes japonais s’y est reconnue…
L’histoire, d’abord. Celle de Mikage, jeune tokyoite orpheline, qui perd sa grand-mère. Accablée par le chagrin, elle se réfugie d’abord au pied de son frigo (oui Mikage est passionnée par les cuisines et ce qui s’y rapporte), avant de trouver asile auprès de Yuichi, jeune homme aussi discret que mystérieux, et de sa mère, qui en fait est son père. Vous suivez ? Vous devriez parce que l’histoire n’est pas très compliquée. Là ne réside pas le principal intérêt du récit. Ce qui en fait l’attrait, c’est plutôt l’écriture de Yoshimoto, fine et précise, qui ne s’embarrasse ni de détails ni d’interminables descriptions. Comme si les mots lui étaient comptés, et qu’il lui avait fallu en utiliser un minimum pour dire un maximum de choses. Droit aux faits, direct à l’essentiel. Pour exemple le début d’un chapitre qui commence ainsi : « A la fin de l’automne, Eriko est morte ». Et hop, le décor est planté.
Autre chose frappante, l’absence de fêlures chez les personnages. Mikage est bien sage… et sa vie intérieure l’est tout autant. Ni sexe, ni drogue, ni alcool, ni débordement quel qu’il soit. La seule transgression racontée dans le récit, c’est lorsque la jeune fille escalade un muret pour pénétrer dans un hôtel fermé et rejoindre son tendre, et encore, loin d’elle tout pensée perverse, si elle brave l’interdit c’est pour lui apporter à manger…J’ai eu l’impression à la lecture du livre que les émotions les plus terribles, parce qu’elles le sont quand même puisqu’il est question de deuil et de solitude, sont maquillées sous une apparente naïveté, une feinte propreté. En fin de compte je trouve ça gentil mais pas renversant, comme si cette littérature là était bridée. (ouarf, ouarf, ouarf… je l’ai même pas fait exprès…) Bridée donc, dans le sens empêchée. Des mots à la surface pour ne pas dire les maux de l’intérieur. Le fait que des millions de japonais aient aimé le livre m’interroge forcément. Si Mikage est représentative de la jeune génération japonaise, nous sommes effectivement fondamentalement différents. Autant j’ai toujours considéré que certaines œuvres étaient universelles, autant là l’écart culturel est frappant. C’est un gouffre qui nous sépare ! A lire donc, pour toutes ces raisons et aussi, malgré tout, pour la poésie qui se dégage de ce récit.

jeudi 26 janvier 2012

Un parfum d’enfance


Qu’il est doux parfois de revenir à ces lectures qui ont bercé l’enfance… Je me suis fait infiniment plaisir en relisant les Lettres de mon moulin, d’Alphonse Daudet. Le Curé de Cucugnan, les vieux, La mule du pape… et l’inoubliable Chèvre de monsieur Seguin ! J’entends encore la voix de ma grand-mère « Ah qu’elle était jolie la petite chèvre de Monsieur Seguin ! Qu’elle était jolie avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots noirs et luisants, ses cornes zébrées et ses longs poils blancs qui lui faisaient une houppelande… ». Voilà l’histoire qui aura le plus compté dans mon enfance, histoire terrifiante de celle qui paya de sa vie son désir de liberté. Aujourd’hui encore je suis émue lorsque la chèvre, affrontant le loup et sachant sa mort proche, tente de goûter une dernière fois aux saveurs délicieuses de la vie libre « Pendant ces trêves d’une minute, la gourmande cueillait en hâte encore un brin de sa chère herbe ; puis elle retournait au combat, la bouche pleine…Cela dura toute la nuit. De temps en temps la chèvre de Monsieur Seguin regardait les étoiles danser dans le ciel clair, et elle se disait : Oh ! pourvu que je tienne jusqu’à l’aube… » Evidemment, plus de vingt ans après la première lecture, l’interprétation que je fais de ce conte n’est pas la même… mais l’émotion est, elle, restée intacte. Et je comprends aujourd’hui ce qui m’a tant parlé à l’époque. Plongez et replongez dans vos lectures d’enfance !

dimanche 22 janvier 2012

"Une bonne raison de se tuer" de Philippe Besson.


Je profite d'un ( long) voyage en train au cœur du Jura pour lire le dernier Besson. Et la, comment dire... Je me suis souvent demandé s'il fallait que je parle uniquement des livres que j'avais aimés, tant il est difficile d'écrire sur ceux que l'on n'a pas, mais alors pas du tout, appréciés. Si j'osais, je tenterais une comparaison... Ce livre c'est (Jura oblige) un peu comme une saucisse de Morteau. Ça sent bon mais ça reste sur le bide. Et autant vous dire que je suis en pleine indigestion. Au secours. Il est ou le temps du "Garçon d'Italie" et de "En l'absence de hommes"? Il est ou le temps où Philippe Besson savait écrire? Horreur et stupéfaction, ce dernier opus est aussi mauvais que les deux derniers. Et pourtant à chaque fois j'y crois, à chaque fois je lui redonne une chance. Cruelle déception, l'écrivain est mort. Ne restent qu'un roman d'une banalité vertigineuse, des personnages sans aucune crédibilité et une intrigue prévisible à des kilomètres. Et en plus, ce n'est même pas joliment écrit. Exemple insupportable : sur plus d'une centaine de pages, Besson répète jusqu'à l'overdose l'expression "du reste ". Je crois rêver, je pense à un effet de style... Mais non, c'est bien là! À chaque page, du reste, du reste, du reste! J'ai frôlé l'urticaire, me suis mise à redouter chaque nouveau paragraphe, "il va pas me refaire le coup là... Si? Mais oui! Au secours!!". Du reste, j'attends avec impatience qu'on me donne une bonne raison d'apprécier cette Bonne Raison là. Du reste.

vendredi 20 janvier 2012

Les passants lecteurs



Les passants lecteurs... Je vous croise dans le métro, je vous remarque sur un quai de gare, je vous observe dans le train... Passants lecteurs, qui êtes vous? Stéphan king, Zola, Pancol... J'essaye de deviner un peu de vous à la lumière de vos lectures. Difficile... Tant l'apparence extérieure ne dit rien de la vie intérieure. Je me suis pourtant amusée à mener une enquête rigolote tout à l'heure, sur ma route pour aller prendre le train. Voilà mes conclusions.. D'abord, et j'en suis fort surprise, j'ai compte plus d'hommes que de femmes parmi ceux qui tenaient un livre dans les mains. Ensuite, et c'est extraordinaire, vous lisez debout! Appuyés contre un mur, un poteau, ou juste debout et seuls au milieu de la foule. C'est un exercice périlleux, il me semble, et j'en suis bien incapable! Alors je dis bravo et j'admire ceux d'entre vous qui sont coutumiers du fait. En vous observant je me suis fait une autre réflexion, réflexion qui m'a véritablement donné le sourire... Vous êtes tous différents! Vieux, très vieux, jeunes, très jeunes, élégants ou mal fagotés, pressés ou tranquilles, français ou touristes étrangers, beaux ou communs... Vous venez d'horizons différents, vous ne savez rien les uns des autres, et pourtant vous avez tous un même point commun, que je partage... vous lisez! Et je trouve que c'est plutôt joli, plutôt rassurant, et finalement assez émouvant, ce lien par la lecture....

mardi 17 janvier 2012

Lecture au soleil de Molines… La montagne en direct !


C’est le titre de cette biographie consacrée à René Desmaison. Petit rappel… René Desmaison c’est cet alpiniste disparu en 2007, connu autant pour ses grandes ascensions que pour les polémiques qu’il a suscitées. Guide peu apprécié par ses pairs chamoniards, il s’est fait remarquer entre autres lors du drame des Grandes Jorasses, en 1971, où meurt son compagnon de cordée Serge Gousseault. J’évoque cet épisode parce que c’est sans doute celui que l’on retient, mais la carrière de Desmaison ne saurait se résumer à ça, loin de là… J’achève donc à l’instant le livre d’Antoine Chandellier, qui retrace sa vie. Et quelle vie ! Rien ne le prédestinait à la montagne, lui qui s’entrainait sur les blocs de Fontainebleau et qui découvre Chamonix pour la première fois à vingt ans passés. Si le personnage n’apparait pas forcément sympathique, tant sa vision de la montagne est différente, on ne peut cependant pas nier son immense talent. A lire donc, même si on n’est pas passionné de montagne, ne serait-ce que pour se rendre compte de l’incroyable médiatisation de la conquête des sommets au milieu du 20ème siècle, époque bénie où la montagne passionnait les foules…

Queyras, mon amour


C’est d’abord un long, très long, voyage en train. Les paradis se méritent, et celui là peut-être plus qu’un autre… A la gare d’Austerlitz, je suis ne suis déjà plus tout à fait là. Je sais qu’une fois à bord, il me suffira de fermer les yeux pour me retrouver, 11 heures plus tard, au cœur des montagnes. Le train de nuit à ceci de magique qu’il est l’une des dernières choses de notre société à ne pas s’affranchir du temps et de la distance. Je trouve qu’il est infiniment précieux de mettre du temps pour se déplacer, c’est presque un privilège et je l’apprécie à sa juste valeur. Bercée par le doux roulis du train, je m’endors. Je suis presque toujours réveillée par l’annonce du contrôleur à notre arrivée en gare de Gap, la première des villes desservies. Suivront toutes les autres le long de la vallée de la Durance… jusqu’à ma destination finale : Montdauphin-Guillestre.


Guillestre, un peu plus de 2OOO habitants, est la porte d’entrée pour la vallée du Guil, celle qui conduit à Molines En Queyras. D’ici, voiture ou stop obligatoire ! Les navettes sont rares hors-saison. La route est superbe, taillée à même la roche, chaque fois que je l’emprunte je pense aux hommes qui l’ont construite pour désenclaver cette région. Bordés d’un côté par les mélèzes déplumés et de l’autre par d’impressionnantes gorges, les virages s’enchainent… un peu plus d’une demi heure plus tard, Molines est en vue !

J’arrive sous la neige… ambiance très hivernale donc pour ma première sortie. Et ce sera une sortie raquettes, direction le Col Agnel, grande classique. J’ai du y monter des dizaines de fois, et je ne m’en lasse pas… C’est à chaque fois différent, selon le temps bien sûr, mais aussi la lumière, le moment de la journée, la saison…

jeudi 5 janvier 2012

Les longues soirées en montagne sont propices à la lecture...


Les longues soirées en montagne sont propices à la lecture... Voilà donc mes trois petites sélections en direct de Molines en Queyras, où il neige non stop depuis trois jours...

La classe de neige de Emmanuel Carrère


Conseillé par ma gentille libraire pour me réconcilier avec cet auteur... stupéfiant! Et atroce... On est pris dans un thriller morbide et glacial. C'est extrêmement bien vu et bien décrit, donc je dis oui.

Du domaine des murmures de Carole Martinez


Une jolie lecture conseillée par un ami. L'histoire, au 12è siècle, d'une jeune fille qui décide de se faire emmurer vivante pour échapper à un mariage qu'elle n'a pas choisi. Elle devient donc recluse, sensée séloigner du monde pour mieux se rapprocher de Dieu. Or cet emprisonnement choisi va au contraire la rapprocher des autres. Une très belle réflexion sur les croyances populaires, la manipulation et l'exercice du pouvoir.

La troisième lecture est en cours...

Montagne et isolement obligent (oui, la route est bloquée à cause de la neige. La recluse... c'est moi!), je me plonge donc dans la vie de René Desmaison. J'espère en apprendre beaucoup sur cet immortel alpiniste...à suivre.

mardi 3 janvier 2012

Des livres pour réchauffer le cœur

Comment ça il fait froid ? Comment ça le ciel est tout gris ? L’hiver s’installe et les âmes sensibles des lecteurs que nous sommes ont besoin d’un peu de réconfort… voilà une petite sélection des livres qui font du bien. A déguster tout près de la cheminée (ou collé au radiateur). Pour mieux les apprécier, préparez-vous un bon thé, enfilez de grosses chaussettes, éteignez le téléphone, dans l’idéal arrosez le tout du dernier album de Jeff Bridges… et voilà, on y est. Ça ressemble un peu au bonheur non ?

Le vieil homme et la mer d’Ernest Hemingway


Est-il encore nécessaire de présenter ce grand classique, prix Nobel en 1954… A lire, à relire… Plus qu’une simple histoire, une parabole, celle de la victoire dans la défaite, ou comment triompher dans l’échec… à méditer.

Une odyssée américaine de Jim Harrison


Jim Harrison est un grand, un très grand de la littérature américaine. Petit coup de cœur en ces temps mélancoliques pour son odyssée, ou l’histoire d’un homme qui décide de tout quitter pour prendre la route et traverser les États-Unis. Pour moi le roman des grands espaces et des horizons infinis par excellence. Et si la vie était ailleurs…

A bras-le-cœur de Mehdi Charef


L’histoire d’un petit garçon né dans un reg algérien et de son arrivée dans une banlieue de Nanterre dans les années 60. Au-delà du lien évident avec l’actualité et de tout le sens que prend ce témoignage, il faut voir dans ce roman une magnifique illustration du combat ordinaire, de la lutte pour la survie et de la force de l’espérance.

Vol de nuit de Saint-Exupéry


C’est le livre qui a rendu son auteur célèbre. Extraordinaire récit… trois pilotes de l’aéropostale perdus dans les airs et dans la nuit, au sol le chef Rivière. Un de ces petits bijoux qui vous filent des frissons jusque dans les orteils. L’auteur de la préface en parle mieux que moi (et pour cause, c’est André Gide…). Incontournable.

Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée de Pablo Neruda


Et pourquoi pas ? Ce n’est pas mon habitude de parler des recueils de poésie, et d’ailleurs j’en lis peu, à tort. Mais puisqu’on parle de livres qui font du bien, ce serait dommage de passer à côté, tant celui-ci remplit parfaitement cette fonction… Lisez plutôt :
Le vent est un cheval :
Ecoute comme il court
A travers mer et ciel.

Pour m’emmener : écoute
Comme il parcourt le monde
Pour m’emmener au loin.

Cache-moi dans tes bras,
Cette nuit solitaire,
Tandis que la nuit blesse
A la mer, à la terre,
Innombrable, sa bouche.

Entends comme le vent
M’appelle en galopant
Pour m’emmener au loin.

Ton front contre mon front,
Ta bouche sur ma bouche,
Nos deux corps amarrés
A l’amour qui nous brûle,
Laisse le vent passer,
Qu’il ne m’emporte pas.

Laisse courir le vent,
D’écume couronné,
Qu’il m’appelle et me cherche
En galopant dans l’ombre,
Tandis que moi, plongé
Au fond de tes grands yeux,
Cette nuit solitaire,
Amour, reposerai.